Un chiffre froid, implacable : 135 euros. C’est le tarif à payer pour avoir garé sa voiture sur un trottoir en France. Pourtant, cette somme n’empêche pas certains automobilistes de transformer les espaces réservés aux piétons en parkings sauvages. Les trottoirs, conçus pour la sécurité des marcheurs, se retrouvent ainsi régulièrement colonisés par des véhicules en quête de place. Derrière cette habitude, une réglementation stricte, rarement prise à la légère par les autorités.
Dans la plupart des villes, les élus locaux prennent le sujet à bras-le-corps pour défendre les droits des piétons, notamment ceux qui peinent déjà à circuler : personnes âgées, parents avec poussette, citoyens en fauteuil roulant. Pour les protéger, les municipalités accentuent la surveillance et multiplient les campagnes de sensibilisation. Les rappels à l’ordre se font plus visibles, les contrôles plus fréquents. Impossible d’ignorer la règle, même dans les quartiers où se garer relève parfois de l’exploit.
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Stationnement sur le trottoir : que prévoit la loi ?
Le Code de la route est sans équivoque. L’article R417-11 classe le stationnement sur le trottoir comme une gêne majeure pour la circulation. Cette règle vise autant à fluidifier les déplacements qu’à garantir la sécurité de tous. Dans les faits, une voiture posée sur un trottoir bloque non seulement les piétons, enfants, personnes en situation de handicap, usagers quotidiens, mais complique aussi la vie des cyclistes et des conducteurs, forçant parfois à des manœuvres risquées.
Stationner là où c’est interdit, c’est s’exposer à une contravention de 4e classe. L’amende forfaitaire grimpe à 135 euros, et peut atteindre 575 euros si le paiement tarde. L’Agence Nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI) centralise le suivi de ces sanctions. Pour les cas jugés particulièrement gênants, la fourrière entre en scène : le véhicule disparaît du trottoir, direction la fourrière municipale, avec à la clé des frais supplémentaires pour le propriétaire.
Des exceptions sous contrôle strict
Il existe néanmoins des situations où la règle s’assouplit. Les maires, via l’article L2213-2 du Code général des collectivités territoriales, disposent d’un pouvoir particulier : ils peuvent autoriser le stationnement sur certaines portions de trottoir dépourvues de signalisation horizontale, si la gestion locale de la voirie le justifie. Ces dérogations restent l’exception et doivent être signalées sans ambiguïté, grâce à des panneaux spécifiques ou des marquages au sol.
Dans la pratique, cette marge de manœuvre s’accompagne d’une responsabilité accrue pour les mairies. Elles doivent ménager sécurité des piétons et besoins de stationnement, en étroite collaboration avec la police municipale. Ce dialogue permanent conditionne la pérennité de ces zones de tolérance et limite les comportements abusifs.
Les différentes sanctions en cas de stationnement sur le trottoir
La législation distingue plusieurs formes d’infraction liées au stationnement sur le trottoir. Il est utile d’en saisir la nuance pour comprendre l’échelle des sanctions possibles :
- Stationnement gênant : Ce cas vise les véhicules qui restreignent partiellement le passage sans bloquer totalement le trottoir. L’amende s’établit à 35 euros.
- Stationnement très gênant : Ici, la chaussée piétonne est obstruée de bout en bout, empêchant tout passage. L’addition monte à 135 euros, voire 575 euros si la situation s’enlise.
- Stationnement dangereux : Quand le véhicule représente un risque manifeste pour la sécurité, la sanction reste à 135 euros, mais le recours à la fourrière devient quasi systématique.
- Stationnement abusif : Si un véhicule occupe indûment la même place pendant plus de sept jours, la sanction retombe à 35 euros.
La mise en fourrière, elle, s’applique pour les situations très gênantes ou dangereuses. Outre la sanction financière, il faut ajouter les frais de récupération du véhicule, parfois salés selon la durée d’immobilisation. La décision d’enlever une voiture revient à la police municipale, bras armé des règlements locaux.
Toutes les contraventions passent par l’ANTAI, qui assure leur gestion et leur suivi. Les personnes verbalisées disposent de 45 jours pour contester une amende, selon une procédure clairement encadrée.
À quelles conditions stationner sur un trottoir peut-il être toléré ?
Le Code de la route interdit formellement de se garer sur les trottoirs, mais une marge de manœuvre existe pour les collectivités. L’article L2213-2 confère au maire la possibilité d’autoriser le stationnement là où la signalisation horizontale fait défaut, à condition de respecter certains critères.
Les dérogations sont octroyées dans des situations bien précises, par exemple :
- quartiers où la circulation piétonne reste faible,
- zones où l’accès à des commerces ou services de proximité doit être facilité,
- événements ponctuels nécessitant d’élargir temporairement les possibilités de stationnement.
Dans tous les cas, le maire doit s’assurer que la sécurité des piétons et des autres usagers n’est pas compromise. Les indications spécifiques, panneaux ou marquages au sol, sont alors installées pour éviter toute confusion.
La police municipale surveille de près le respect de ces dérogations. Si la règle est détournée ou que des abus sont constatés, l’autorisation peut être retirée sans préavis. Ce type de tolérance n’a rien d’un passe-droit permanent : elle s’adapte à des circonstances précises et reste sous contrôle étroit.
Pour se prémunir d’une verbalisation, il est vivement recommandé de prêter attention à la signalisation locale et de ne jamais s’aventurer hors des limites clairement délimitées.
Comment éviter une amende pour stationnement sur le trottoir ?
Quelques habitudes simples suffisent pour éviter de voir arriver une amende sur son pare-brise. Respecter la signalisation, d’abord : panneaux et marquages au sol indiquent sans ambiguïté les zones où le stationnement est autorisé ou proscrit. Prendre le risque de s’en affranchir revient à jouer à la loterie avec la police municipale.
Il est tout aussi nécessaire de penser aux usagers vulnérables. Une voiture mal stationnée peut contraindre un parent à descendre sur la route avec sa poussette, ou forcer une personne à mobilité réduite à faire un détour dangereux. L’article R417-11 rappelle clairement que la circulation piétonne doit toujours primer.
Privilégier les parkings et emplacements réglementés reste la meilleure option. Même si se garer dans certains quartiers demande de la patience, cette démarche écarte le risque d’une sanction et garantit la sécurité de tous.
En cas de doute, demander conseil à la police municipale ou consulter les directives locales permet d’éviter les mauvaises surprises. Les agents sont présents pour orienter, mais aussi pour signaler les éventuelles tolérances en vigueur sur certains secteurs.
Adopter ces réflexes, c’est non seulement éviter une sanction, mais aussi participer à l’équilibre fragile de la vie urbaine. Les trottoirs appartiennent à ceux qui marchent : les voitures doivent, elles, rester à leur place.


