Tesla : pourquoi l’engouement est-il si faible pour cette marque ?

À rebours de l’agitation médiatique, un chiffre s’impose : moins de 2 % de part de marché pour Tesla en Europe. La marque, pourtant pionnière et omniprésente dans les conversations sur l’électrique, peine à convertir sa notoriété en fidélité. Même les lancements de nouveaux modèles ne suffisent pas à enrayer ce frein : la clientèle, elle, regarde ailleurs.

Depuis plusieurs mois, la Bourse observe les montagnes russes du titre Tesla. Derrière cette volatilité, une réalité s’installe : la demande se tasse, le rythme des livraisons ralentit, et la concurrence s’organise. Les chiffres sont clairs, la progression s’essouffle, tandis que la vieille garde automobile reprend du terrain.

Un engouement en recul : état des lieux de la fidélité à la marque Tesla

Impossible d’ignorer la tendance : la fidélité des clients Tesla s’effrite en Europe. L’image avant-gardiste du constructeur californien, autrefois synonyme de rupture, se retrouve prise au piège d’une gamme qui tourne en rond. Les Model 3 et Model Y, longtemps fers de lance, font désormais figure de produits installés, presque attendus. Même l’introduction de versions Standard, censées ouvrir la porte à un public plus large, peine à réveiller la flamme face à une vague de nouveautés venues d’Asie et d’Europe.

Le ressenti des propriétaires évolue. Sur les forums, les remarques sur la qualité des matériaux et l’assemblage reviennent avec insistance. À ce niveau de prix, beaucoup attendent davantage. Tesla, fidèle à sa ligne technologique, a toujours privilégié l’efficacité à l’apparat. Mais aujourd’hui, face à BYD, Renault ou Volkswagen, ce choix n’a plus le même éclat.

En refusant la publicité classique, Tesla a longtemps misé sur le bouche-à-oreille et le magnétisme d’Elon Musk. Aujourd’hui, cette stratégie se retourne parfois contre elle. Les débats autour du patron influent autant sur l’image de la marque que sur sa capacité à rassurer. Résultat, même si Tesla domine encore le segment électrique au niveau mondial, près de 20 % de parts de marché fin 2024,, la dynamique s’estompe en Europe.

Désormais, la question pour les acheteurs n’est plus “Tesla ou rien”, mais “Tesla ou toutes les autres ?”. Le recul des ventes sur le continent témoigne d’un attachement qui s’amenuise, alors que le marché global des électriques, lui, poursuit sa progression.

Pourquoi les automobilistes européens se détournent-ils de Tesla ?

Le marché automobile européen ne cesse de se transformer. Les acheteurs réclament plus de choix, plus de nouveautés, une finition soignée. Or, la gamme Tesla semble moins à la page. Les Model 3 et Y, bien ancrés sur le marché, subissent la pression de nouveaux venus : des modèles électriques venus de Chine, BYD, Xpeng, Leapmotor, jusqu’aux marques européennes décidées à défendre leur identité : Renault, Volkswagen, Mercedes, Ford.

Les attentes montent d’un cran. Les clients européens, habitués à un certain niveau de finition, déplorent la qualité perçue chez Tesla. Le rapport qualité/prix se fait plus scruté. Les versions “Standard”, lancées en 2025, n’inversent pas le mouvement : la concurrence propose déjà des alternatives souvent mieux finies, à des tarifs comparables.

Un autre frein pèse sur la marque : l’image d’Elon Musk. Le dirigeant, omniprésent et clivant, influe directement sur la perception. Ses interventions publiques, parfois explosives, brouillent le message et déstabilisent une clientèle européenne attachée à la stabilité et à la confiance. La communication de Tesla, longtemps fondée sur le charisme de son fondateur, atteint ses limites.

Pour préserver sa place, Tesla baisse ses prix. Mais à force de rogner sur les marges, la valeur perçue des véhicules s’en ressent. Les clients se tournent vers d’autres marques, à la recherche d’un service et d’un standing qui leur correspondent. Pendant ce temps, la concurrence redouble d’efforts.

Performances et parts de marché : Tesla face à la concurrence sur le Vieux Continent

À l’échelle mondiale, Tesla reste un acteur majeur de l’électrique, avec près de 20 % de parts de marché à la fin 2024. Mais en Europe, la donne change. Les chiffres publiés par l’ACEA montrent une érosion progressive de la marque, alors que les constructeurs chinois (BYD, Xpeng, Leapmotor) et les groupes historiques européens (Renault, Volkswagen, Mercedes) grignotent du terrain.

Les ventes de Model 3 et Model Y plafonnent. Les nouvelles versions “Standard”, plus abordables, ne parviennent pas à créer de dynamique. L’écart se creuse aussi sur la finition et l’expérience à bord, deux critères où les constructeurs européens reprennent l’ascendant. Face à des tarifs similaires, les clients trouvent ailleurs une offre plus adaptée à leurs attentes.

Côté technologie, Tesla conserve des cartes maîtresses : maîtrise des batteries, réseau de superchargeurs, intégration verticale. Mais la riposte s’organise. Les concurrents accélèrent sur le logiciel, l’autonomie réelle, les services connectés. Même sur le terrain de la mobilité autonome, le robotaxi Cybercab prend du retard, dépassé par Waymo ou les initiatives allemandes.

La croissance du marché profite à tous, mais rien ne garantit à Tesla le premier rôle. Entre pression sur les marges et compétition technologique, la marque doit composer avec un nouvel équilibre.

Personne regardant les voitures Tesla dans un showroom lumineux

Actions Tesla : quelles tendances révèlent la confiance (ou la défiance) des investisseurs ?

À Wall Street, le titre Tesla reste sous tension. Les débats s’intensifient au fil des trimestres. Si la valorisation tutoie les sommets, la réalité s’invite dans les comptes. La chute des revenus issus des crédits carbone, qui avaient longtemps boosté les résultats jusqu’à l’arrêt brutal imposé par la nouvelle administration américaine, change la donne. Ce levier de rentabilité s’évanouit, laissant place aux défis structurels.

La situation financière reste saine : trésorerie solide, endettement maîtrisé, là où General Motors, Ford et Volkswagen continuent d’accumuler les dettes. Mais une question se pose : la rentabilité de Tesla sans le soutien des crédits carbone est-elle tenable ? La pression sur les prix, la montée en puissance des rivaux chinois, tout concourt à réduire les marges. Les analystes de Morgan Stanley, Roland Berger, Morningstar scrutent les moindres chiffres, à l’affût du moindre signal.

Voici les points clés qui agitent les investisseurs :

  • La croissance des volumes permettra-t-elle de compenser la réduction des marges ?
  • La dépendance aux marchés américains et chinois rend Tesla vulnérable aux changements politiques, qu’il s’agisse de Donald Trump ou Joe Biden.
  • La marque doit repenser sa stratégie, désormais privée du soutien confortable des crédits carbone.

Pour l’instant, l’incertitude domine. Entre envolées spéculatives et interrogations sur la capacité à se renouveler, le cours de Tesla tangue au gré des annonces d’Elon Musk et des soubresauts réglementaires. Une chose est sûre : l’histoire de Tesla en Europe est loin d’avoir livré tous ses rebondissements.